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Ecriture, nature,musique, photos
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20 septembre 2011

Les balayeuses de pétales de PIANA Le village de

Les balayeuses de pétales de PIANA

 

 

 

Le village de PIANA est associé irrésistiblement à ses fameuses " calanche " (le pluriel corse des calanques), dont le granit rose au dessus d’une mer d’un bleu difficile à nommer assaillent l’imaginaire par ses formes déchiquetées, chaotiques que l’œil du passant et son esprit aussitôt s’emploient à construire en quelque chose d’identifiable : un chien, un cœur, un château. Mais non aucun terme ne convient pour rendre l’impression vertigineuse de cet univers comme en fusion totalement déséquilibrant malgré sa gravité de pierre.

Le bourg par contraste est d’une paix confondante, une sorte de sérénité millénaire s’y impose en dépit des passages incessant des cars de tourisme, des cyclistes et visiteurs. Ils ont beau s’emparer de l’espace, on n’y croit pas tant on est gagné immédiatement par une tranquillité intemporelle, comme si les haies d’eucalyptus de la route avec leur parfum transformaient votre mémoire en un encens volatile et dilataient votre corps jusqu’aux confins du ciel, des arbres, des vagues, des maisons en amphithéâtre étagées sur la colline.

Ce n’est pas une ivresse, plutôt un brusque état de vigilance extrême de la conscience qui sans être jamais venue là se reconnaît partout. Dans l’église Sainte Marie (pourtant mon goût ne va pas au baroque, mais celui-ci est si évident de sobre simplicité !), dans les Saint Patrons qu’elle honore : Antoine l’abbé qui mit le diable (un sanglier bien entendu…) à ses pieds et en fit son fidèle compagnon et Saint Roch sauvé par un chien qui lui porta son pain chaque jour. Dans sa place accueillant la clarté, dans ses venelles impeccables où l’horizon lui même semble nettoyé au pinceau, dans chacune de ses maisons passées à la chaux blanche ou tirées des pierres du pays. On s’arrête sous les fenêtres agrémentées de fleurs ou de rideaux crochetés, devant les escaliers dont les marches sont colorées de plantes et de pots, devant les portes si vivantes par les veines différentes du bois extrait de la forêt proche.

Pourquoi de simples éléments de la vie quotidienne produisent-ils un tel effet ? Je crois qu’une partie de la réponse m’a été donnée par un vieil homme dont la terrasse ouvrait sur le golfe. C’était une habitation pauvre mais dans un site exceptionnel. Sans doute vivait-il là depuis sa naissance ou presque et cependant il sortit, s’accouda à sa balustrade et il regarda la mer. Longuement, rien de plus, sans le moindre ennui, comme s’il s’étonnait encore après toutes ces années de trouver tant de satisfaction, d’élévation de lui même à contempler ce spectacle. Non loin se trouve le hameau de Vistale où vécurent les grands parents d’une citoyenne d’honneur de PIANA : Danielle Casanova. Elle a donné son pseudonyme à un bateau, elle a été chantée par Yves Duteil dans " Maquisardes ". Communiste et résistante elle inscrivit sa figure dans l’histoire de la seconde guerre mondiale. J’aime à penser qu’eux aussi ouvraient leurs yeux de la même manière qui permet de voir, pas comme le mesurait l’oculiste mais à la mesure d’une pensée qui ne s’éloigne jamais du cœur.

Alors PIANA restera pour moi non les sublimes panoramas sur Senino ou Scandola mais une image : celle de femmes vêtues de sombre et de leurs rides, balai à la main et ôtant scrupuleusement du sol les pétales vifs de leurs géraniums tombés sur la chaussée.

 

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